Je vous présente O, ma fille-chat,

Et voici mon bébé, mon Amour de Chat,

Je suis née dans un fourré en avril 1991, pas trop loin d'une ferme. Ainsi je savais qu'il existait autour de notre petit monde chaud et douillet, des animaux à deux pattes qui faisaient beaucoup de bruit avec leur voix, leurs pieds et parfois en utilisant d'autres animaux en fer.

Maman nous laissait d'ailleurs seuls parfois et je la voyais s'approcher de ces curieux bipèdes, toute gentille. Mais elle revenait bien vite vers ses chatons. Jamais je n'aurais imaginé qu'elle les aurait laissés nous approcher.

Mais un matin de juin, l'un de ceux-là (je ne l'avais encore jamais vu) est venu vers notre taillis ; il a soulevé les branches, nous a tous regardés avec sérieux et l'une de ses pattes blanches s'est approchée de moi. Bien sûr, nous crachions, feulions, miaulions mais Maman le laissait faire sans trop s'inquiéter et pourtant il m'a attrapée et coincée, puis soulevée et regardée droit dans les yeux, j'ai bien essayé de lui griffer le visage mais il s'en fichait bien tout en disant : " Une vraie sauvage !! "

Puis il m'a parlé un peu sans faire le moindre effort pour que je le comprenne et s'est éloigné de notre buisson ; je n'ai même pas eu le temps de faire un câlin à Maman qu'elle s'en retournait déjà vers mes frères et sœurs.
Moi, par contre, il m'a déposée dans une boîte verte qui laissait passer la lumière de tous côtés, j'étais terrorisée d'autant plus que quelques instants plus tard nous montions dans l'un de leurs engins de fer.
Ainsi commença ma vie de chatte voyageuse. Et mes surprises ne faisaient que commencer. Je croyais que les bipèdes n'étaient pas plus nombreux que nous, erreur ! Il y en avait partout quand nous sortîmes de l'engin J'étais terrée au fond de mon panier et bringuebalée jusqu'à une grosse voiture qui faisait un bruit énorme. Mais une fois à l'abri c'était plus calme, nous nous sommes assis, enfin moi toujours dans mon panier, et il m'a laissée tranquille.

Partie de mon buisson sombre, j'arrivais à Montparnasse Bienvenüe, paraît-il.
Re trimballée, j'ai pu découvrir doucement au pas de mon porteur, les rues de la grande ville qui allait devenir ma ville.

Adieu buisson, bonjour le monde !

Nous arrivâmes devant un cube avant d'entrer dans un cube plus petit et de monter vers celle qui allait devenir ma deuxième Maman .

Quand elle a ouvert mon panier, bien sûr j'en suis sortie au plus vite et j'ai cherché mon taillis, mais il n'y avait rien pour se cacher : elle m'a juste proposé ses bras mais ça ne semblait guère sécurisant et puis elle n'avait pas la jolie robe de ma Maman. Alors elle m'a portée un peu mais pas trop longtemps pour me respecter, moi la Sauvage. Je suis repartie en quête de mon buisson et j'ai trouvé un coin sombre au fond du placard, je me suis cachée tout au fond et j'ai écouté les bruits, les voix.

Et la nuit, quand ils dormaient, j'allais explorer mon nouveau monde et j'ai vu des choses qui m'intéressaient : pas des souris ou des oiseaux non du sable, de la viande, de l'eau, des petits arbres, de la terre…
Je repartais dans mon trou avant que le jour arrive ; mais 2 jours plus tard ma deuxième Maman en a eu assez et a tout retourné jusqu'à ce qu'elle me trouve terrée dans mes sacs. Elle a poussé un cri " Mais tu aurais pu t'étouffer !! " et m'attrapée et couverte de bisous, de câlins et surtout ce que j'ai aimé le plus c'est qu'elle ronronnait. Bon elle ronronnait mal, mais elle faisait un effort. Alors j'ai pardonné et j'ai accepté ses câlineries, ses petits mots doux, ses assiettes rien que pour moi, sa visite de l'appartement ( car elle croyait que je ne connaissais pas). De toutes façons elle ne me lâchait plus et elle avait fait disparaître le placard.
Je pouvais juste me cacher un peu derrière les petits arbres.
Mais bon finalement son lit était plus confortable que mon placard et il y faisait plus chaud aussi.

Un autre jour, Maman, (maintenant j'étais vraiment sa fille, et elle n'arrêtait pas de me le répéter " Ma fille-chat par ci, ma fille-chat par là ") a décidé de me montrer la ville mais en commençant par le côté jardins.
Alors elle m'a fabriqué un petit harnais et cachée dans l'une de ses nombreuses peaux, nous sommes sorties. Dehors il y avait du vent, des oiseaux, de l'herbe et … des buissons !!!! Mais Maman refusait de me laisser y aller.

J'ai simplement pu exercer mes talents de fugueuse
sur ce bout de toile d'araignée et sur la pelouse qu'elle entourait.

Après cette première promenade, nous sommes rentrées dans l'appartement et j'ai pu regarder avec envie les haies qui entouraient le jardin tout en bas. Mais je savais qu'ici, là-haut, trop haut pour que j'y aille toute seule, j'étais en sécurité car il y avait beaucoup de bruit dans ce jardin et surtout plein de chiens.
Je n'ai pas grand chose contre eux, simplement ils sont trop souvent bêtes et trouvent très drôles de courir après nous pour nous regarder monter dans le premier arbre venu alors qu'eux restent coincés dans les racines. Quels idiots !

J'acceptais lentement les bipèdes mais je leur faisais bien remarquer que maintenant ils étaient chez moi et devaient bien se tenir.

Il y a une chose que j'aimais particulièrement et Maman pas du tout, c'est peu dire, c'est un match de foot à la télévision. Et j'aurais bien aimé y participer mais ils s'en allaient toujours quand je voulais jouer. Ils devaient être terrifiés par mon adresse à attraper les balles.

Et Maman m'adorait : au début elle ne savait pas que j'avais besoin de 16 heures de sommeil par jour, alors elle rentrait au milieu de mes siestes de midi pour m'apporter un petit cadeau, ou jouer un peu ou voir si tout allait bien (évidemment, puisque je dormais).

Un jour, j'ai trouvé au fond d'un sac (je ne m'y enfermais plus) un doudou vert. MON doudou vert. Adorable, tellement que nous l'emmenions partout avec nous. Je ne le quittais jamais, je dormais même avec lui et Maman.

Avec Maman nous faisions de grandes promenades dans les rues le soir et nous rêvions aux étoiles et ils parlaient, et ils marchaient. C'est pour ça que j'étais fatiguée ensuite la journée, mais j'étais contente, j'étais avec Maman et les autres me laissaient tranquille, sauf quelques fous "Oh, qu'elle est jolie ! " et " Pschh ! ne me touchez pas. "


Dès que Maman a estimé que j'étais assez grande, hop en route pour la Bretagne où nous avions des points communs ; et nous avons volé comme les oiseaux pour arriver dans mon territoire. Mais dans l'avion j'étais sur les genoux de maman et mon doudou aussi me protégeait : il ne pouvait rien nous arriver.

Arrivées à la campagne, Maman a hésité et puis elle a compris que nous nous aimions vraiment et que je ne pouvais pas l'abandonner. Alors elle m'a délicatement posée sur l'herbe et j'ai pu courir partout, grimper aux arbres (j'adore ça), me cacher dans les haies, me promener toute seule dans les bois et … revenir vers Maman car tous les soirs elle m'appelait, miaulait et nous rentrions ronronner et nous raconter nos journées. Mais les autres humains ne m'approchent pas, je préfère garder mes distances et leur fais bien remarquer. Je fais ma Sauvage et j'ai la paix.

Dans cette campagne il y a un chien aussi, gentil mais tout aussi bête que les autres. Avec sa tête de boule de poils sortie d'un courant d'air, je le trouve rigolo, je joue un peu avec lui dans la maison mais dehors pas question. Je redeviens le félin que je suis.

L'avion du retour ne m'a plus étonnée et j'ai fait une petite sieste. Il faut dire que je suis toujours adaptée aux moyens de transport que Maman utilisait. Elle essayait de me maintenir mon minimum de confort à chaque fois, de nous créer notre petit coin à nous. Le pire c'est la moto : même bien au chaud dans la peau de vache de Maman, pas question de prendre ses aises, et puis c'est bruyant.

En plus j'ai vite compris que chaque fois que nous partions en voyage j'avais toujours à l'arrivée ma liberté totale : je pouvais toujours me promener où je voulais et comme je dressais toujours les humains partout où nous posions nos pattes, j'avais la paix.

Parfois, je ramenais un cadeau à Maman. Eh oui je ne vous l'ai pas encore dit mais je chasse très bien. Même si Maman ne comprend pas toujours toute la valeur de mon cadeau. Par exemple, lorsque je lui apporte un oiseau elle n'est pas de très bonne humeur et m'explique que ce n'est pas bien ; mais, moi, je ne vois pas très bien la différence qu'elle fait entre un mulot et un moineau. Et elle ne réalise pas les heures d'attente et les prouesses d'équilibriste que je déploie pour attraper ces petites choses volantes.

A force de me promener dans la campagne, j'ai grandi et j'ai rencontré d'autres chats.

Au début je n'étais guère attirée par eux mais il faut bien dire qu'un beau jour, je crois que je suis tombée amoureuse. Maman n'en a rien su mais 2 mois plus tard je devenais l'heureuse maman de 4 jolis chatons.

Et Maman grand-mère et gâteuse comme vous pouvez le constater :

Vous le lisez, Maman était très fière de moi.

Parfois j'étais même jalouse car elle parlait plus à mes bébés qu'à moi, ceci dit quand je voulais aller me dégourdir les pattes, je les apportais un par un et les lui confiais. C'est une bonne nounou de chatons, Maman. Tant et si bien que le petit nid sombre, douillet et caché qu'elle m'avait confectionné, fut vite abandonné. Et puis l'hiver mes chatons avaient froid alors que Maman faisait une excellente bouillotte !

Quand mes bébés sont devenus de jeunes beaux chats j'en ai eu assez de les voir, ils devenaient trop grands pour notre petit appartement, qui finalement n'était qu'à nous : Maman et moi. Alors ils sont partis chez des gens très bien et très gentils : Phi chez un professeur de lettres, Tau dans la passoire d'une petite fille toute mignonne (pour y faire la sieste, rassurez-vous !), Khi dans une maison où elle joue très fort à la sauvage. Quant à Mu, je sais que Maman la voit encore, tranquille et heureuse à la campagne, et je sais aussi qu'elle est arrière grand mère par la même occasion.

J'ai eu encore d'autres bébés : Théodoréa, Augustus, Oscar et Ursuléa. Ils sont mignons n'est-ce pas ? Eux aussi sont choyés.

Quel travail ces bébés et quelle attention permanente : ils ne font que des bêtises mais je les adorais.

Et puis je suis devenue la sœur de Damien, mon frère-garçon. Et j'ai pu prouvé à Maman que je les aimais aussi les humains. Nous nous amusions bien tous les deux et Damien était toujours prêt à partager avec moi ses petits suisses ou ses jouets.

Quand il se réveillait la nuit, je m'occupais aussi de lui pour que maman soit moins fatiguée le lendemain. Et quand il rentrait de la crèche, nous faisions de gros câlins tous les 2 : même si parfois je le trouvais un peu lourd, mais il aimait bien aussi mettre sa tête dans ma jolie robe isabelle, alors je restais sage et ronronnais, pendant que Maman vaquait à ses occupations.
Je savais que nos câlins à nous seraient pour plus tard.
Parfois, nous faisions des bêtises tous les 2 alors nous prenions notre air les plus attristé possible et Maman oubliait tout de suite.

Et nous avons ainsi continué notre vie de voyageuses et de parisiennes pendant quelques années. Jusqu'à ce matin où je sentis quelque chose d'anormal en moi, je m'affaiblissais et je me faisais comme mangée de l'intérieur. Un jour Maman constata que j'avais une boule sur la hanche, le vétérinaire pronostiqua un cancer de la peau : je fus opérée en août. Maman me soigna tout le mois et je dois dire que ce n'était agréable ni pour elle, ni pour moi. A force d'efforts et d'optimisme de la part de Maman, j'allais mieux et pour fêter cela nous partîmes en Grèce où je fis ma première convalescence.

Et vous voyez cela ne m'empêchait pas de grimper dans les branches.

Mais hélas cette méchante bête réitéra ses méfaits 2 mois plus tard et nous dûmes tout recommencer et cette fois-ci je n'y croyais plus. Maman me soignait mais elle ne savait pas tout ce qui se développait en moi.

Le 28 février 1998, nous allâmes voir un nouveau vétérinaire qui expliqua à Maman que ce n'était plus possible de continuer, qu'il fallait que je m'endorme. Elle me ramena en pleurant dans la campagne, me promena dans le bois, me câlina, me berça, me parla. Elle ne voulait pas je réalise mais je savais que j'étais trop fatiguée pour continuer à lutter.

"O arriva chez le vétérinaire à moitié endormie, je continuais à lui parler doucement et mes caresses ne suffisaient plus à lui dire tout ce que je pouvais éprouver pour elle. Elle s'en alla tandis que j'essayais de lui sourire et de la bercer de mots doux en lui cachant les murs et lui créant un petit nid douillet.

J'ai appris il y a quelques semaines que son cancer proviendrait de ses vaccins. Et effectivement sa courte existence le prouve ainsi que les endroits où sont apparues les tumeurs. Un des produits contenu serait cancérigène s'il est appliqué régulièrement au même point du corps."

J'ai retrouvé tous les Chats du Paradis et un jour
j'autoriserai Maman à aimer un autre Chat que moi, mais pas encore…

Pour signer mon livre d'or
Cliquez ici

Page mise en ligne le 17 mai 2002

Retour page d'accueil